L’auteur
Rétif de la Bretonne
Nicolas Edme Rétif de la Bretonne (1734-1806) apparaît comme une personnalité singulière de la République des Lettres de fin de l’Ancien Régime et de la Révolution : pour certains de ses contemporains, c’est un original, pour d’autres, un génie.
Ce qui est certain, c’est que ce fils de laboureur bourguignon, arrivé à la littérature par le monde de l’imprimerie, va utiliser son oeuvre pour construire son propre mythe : fils d’un patriarche respecté, il sera l’homme de la nature soumis aux tentations de la ville, un paysan perverti rédimé en garant de l’ordre moral sous les traits du Hibou-Spectateur nocturne des Nuits de Paris et de l’homme aux « idées singulières ».
Son oeuvre, d’inspiration largement autobiographique, explore les méandres de la mémoire et du fantasme dans des productions étonnantes : autobiographie narrative (Monsieur Nicolas) mais aussi dramatique (Le Drame de La Vie), journal intime (qu’il grave, un temps, sur les parapets de l’île Saint-Louis), récits qui recyclent à l’infini les épisodes marquants d’une trajectoire hors du commun, jalonnée de conquêtes amoureuses et dominée par un irrépressible besoin de conserver la trace des expériences présentes et passées pour mieux les revivre.
Biographie succincte
1690 25 août : naissance à Nitry d’Edme Rétif, futur père de l’écrivain. Il est la figure centrale de La Vie de mon père (1779).
1703 22 janvier : naissance à Accolay de Barbe Ferlet, qui sera la deuxième épouse d’Edme Rétif et la mère de l’écrivain. Selon Monsieur Nicolas, elle « réunissait au même degré la vivacité de l’esprit, la bonté du coeur et la beauté du corps. Quoique blonde, elle était vive jusqu’à la pétulance, mais elle savait se réprimer jusqu’à la douceur et la complaisance jamais démenties » (éd. Gallimard, Pléiade, t. I, p. 20. – Toutes les références à cette oeuvre renverront à cette édition).
1724 11 avril : naissance à Vermenton de Marguerite Collet, fille de François Collet, notaire. Elle épousera François Fournier, imprimeur à Auxerre et sera la Madame Parangon du Paysan perverti et de Monsieur Nicolas.
1729 25 novembre : premier mariage de Barbe Ferlet, avec Edme Boujat ; elle a 26 ans, il en a un peu plus de 60. Elle devient veuve quatre ans plus tard, en 1733.
1734 25 janvier : mariage à Sacy d’Edme Rétif (veuf de Marie Dondaine) et de Barbe Ferlet ; il a 44 ans, elle en a 31. 23 octobre : naissance à Sacy de Nicolas-Edme Rétif, le futur écrivain ; il naît dans une maison voisine de l’église, à la « Porte Là-bas », à l’extrémité ouest du village.
1738 13 juillet : naissance à Auxerre d’Agnès Lebègue, future épouse de l’écrivain, fille de René Lebègue, apothicaire, et d’Agnès Couillard.
1740 12 mars : Edme Rétif achète la maison et le domaine de La Bretonne, à l’extrémité est de Sacy. Cette maison existe toujours à la sortie du village, en direction de Joux.
1742 La famille Rétif s’installe à la ferme de La Bretonne.
1743 4 novembre : François Fournier (M. Parangon) achète à Auxerre la maison près de l’Horloge et y installe son imprimerie.
1744 21 août : naissance de Pierre Rétif, neuvième et dernier enfant d’Edme Rétif et de Barbe Ferlet ; c’est lui qui prendra la succession de son père à la ferme ; dans Le Paysan perverti, Rétif lui donne le rôle important de Pierrot (promu au rang de frère aîné), le paysan fidèle à ses origines, le gardien des valeurs morales traditionnelles.
1745 juillet : le jeune Nicolas est mis en pension à Vermenton, chez sa demi-soeur Anne. octobre : il est à l’école de Joux.
1746 10 mai : François Fournier, âgé de 36 ans, veuf et père de deux jumeaux, épouse Marguerite Collet, âgée de 21 ans. 17 octobre : Nicolas part pour Bicêtre, où il sera élève de « l’école des enfants de choeur de l’hôpital », sous l’autorité de son demi-frère Thomas.
1747 20 décembre : Nicolas et Thomas Rétif doivent quitter Bicêtre, à la suite de la politique anti-janséniste du nouvel archevêque de Paris, Christophe de Beaumont. Ils regagnent Auxerre ; à la fin du mois, Nicolas est à Courgis, chez son frère parrain (premier enfant du premier lit), curé du village. Destiné à l’état ecclésiastique, il doit y apprendre le latin.
1748 Continuation du séjour à Courgis. Rétif dit avoir connu là son premier amour, Jeannette Rousseau, la fille du notaire. – « J’ai tout fait pour mériter cette fille, que je n’ai pas eue, à qui je n’ai jamais parlé ; dont le nom me fait tressaillir à soixante ans, après quarante-six années d’absence, sans jamais avoir pu prendre sur moi d’oser demander de ses nouvelles […] » (Monsieur Nicolas, t. I, p. 196).
1749 Suite du séjour à Courgis. Nicolas commence à tenir ses memoranda. D’après le récit autobiographique, il s’agit de « cahiers d’étude », où il inscrit ses premiers essais poétiques célébrant la beauté de Jeannette et des autres filles de Courgis et deux actes d’une comédie latine en prose imitée de Térence.
1750 novembre : Nicolas est renvoyé de Courgis pour s’être montré trop insoumis à l’autorité morale et intellectuelle de son frère curé ; il revient à Sacy, où, pendant dix-huit mois, il se consacre aux travaux des champs.
1751 14 juillet : départ de Nicolas pour Auxerre, où il entre en apprentissage chez l’imprimeur François Fournier. Ici commence la « Quatrième Époque » de Monsieur Nicolas, sous-titrée :« Mon apprentissage. Madame Parangon ». « Mon cher lecteur !… Quelle époque de ma vie, que celle-ci ! Elle la coupe en deux parties, absolument différentes l’une de l’autre !… » (Monsieur Nicolas, t. I, p. 313). 24 septembre : signature du brevet d’apprentissage de Nicolas, d’une durée de quatre ans à partir du 1er août. novembre : Mme Fournier (Mme Parangon), absente jusqu’alors, revient de Paris. Elle est âgée de 26 ans et déjà mère de quatre enfants.
1752 mai : selon les récits du Paysan et de Monsieur Nicolas, apparition dans la vie de Nicolas du cordelier Gaudet d’Arras. Rédaction de poèmes dans ses cahiers intimes.
1755 9 mai : fin de l’apprentissage de Nicolas, avec trois mois d’avance sur le terme officiel du contrat. Le voici compagnon imprimeur. 11 août-30 août : séjour à Sacy. 1er septembre : départ pour Paris, afin d’y trouver une place. Il loge chez le mari d’une de ses demi-soeurs, Louis Beaucousin, pâtissier. 22 septembre : Rétif est embauché à l’Imprimerie royale, installée dans les Galeries du Louvre, avec un salaire de 50 sous par jour.
1756 janvier : Rétif quitte l’Imprimerie royale pour travailler chez l’imprimeur Claude Hérissant, dans l’île de la Cité. 9 juin : il prend pension chez Bonne Sellier, femme d’un compagnon imprimeur, rue Galande, et hôtesse au grand coeur.
1757 première maladie vénérienne. automne : Rétif quitte Claude Hérissant et entre chez Knapen, imprimeur de la Cour des Aides, spécialisé dans les placards, mémoires et libelles. Il loge rue Sainte-Anne-du-Palais. 28 décembre : décès de Mme Fournier (Mme Parangon), à l’âge de 36 ans.
1759 fin avril ou début mai : Rétif revient à Sacy et y séjourne quelques semaines. 20 juin : départ pour Dijon, où il va s’employer chez l’imprimeur Causse. 7 août : il quitte Dijon pour regagner Paris, via Sacy et Auxerre. 16 septembre : il est de retour à Paris, mais il n’y trouve pas de travail, « l’ouvrage manquant alors dans les imprimeries de Paris ; les efforts de mes amis pour m’en procurer furent inutiles, depuis le 16 septembre, jour de mon arrivée, jusqu’au 3 novembre suivant … » (Monsieur Nicolas, t. II, p. 63). 3 novembre : François Fournier lui propose une place de prote dans son imprimerie. 7 novembre : départ de Paris pour Auxerre. 27 novembre : Rétif fait la connaissance, chez sa logeuse, d’Agnès Lebègue.
1760 22 avril : mariage à Auxerre de Rétif et d’Agnès Lebègue. « Arrivés à l’église, le fatal serment du mariage fut prononcé |…] Je pensai tristement : « Infortuné ! te voilà donc lié !… » Je revins de l’église avec le sentiment pénible que j’étais perdu !…Et je l’étais… » (Monsieur Nicolas, t. II, p. 97).
1761 10 mars : naissance d’Agnès Rétif, premier enfant du couple. Juin : Rétif quitte l’imprimerie Fournier pour venir travailler à Paris ; il a trouvé une place chez Knapen. Le couple loge rue Saint-Jacques, « chez le marchand de vin vis-à-vis la fontaine Saint-Séverin ». juin-juillet : Rétif quitte Knapen au bout de peu de temps pour aller s’employer chez la veuve Quillau, où il ne reste que trois semaines ; il retrouve un emploi à l’Imprimerie royale. décembre : naissance à Paris de Marie Rétif, deuxième fille de l’écrivain ; elle est mise en nourrice à Sacy, chez ses grands-parents, où elle mourra le 28 septembre 1763, à l’âge de 22 mois.
1762 selon Monsieur Nicolas, Rétif commence à écrire une histoire de sa vie ; mais il abandonne bientôt cette entreprise.
1763 naissance, à une date indéterminée, d’Élisabeth (dite Élise ou Babiche), troisième fille de l’écrivain ; elle mourra infirme à l’âge de 7 ans. Rétif s’installe rue de la Harpe, « vis-à-vis celle Poupée, au quatrième ». 16 décembre : décès d’Edme Rétif, père de l’écrivain, âgé de 73 ans.
1764 7 mars-12avril : séjour de Rétif à Sacy. 2 juillet : il entre chez Quillau comme prote et loge rue Galande, « au coin de celle des Rats, au troisième ». « Quillau était un jeune homme encore mineur, peu avancé, dont la maison était à faire. Je réussis, à force de travail et d’exactitude. Je montai, en trois années d’administration, son imprimerie de quatre à douze presses. » ( Monsieur Nicolas, t. II, p. 149). 5 novembre : naissance à Sacy de Marie-Anne Rétif (dite Marion), quatrième fille de l’écrivain.
1765 Rétif commence la rédaction de son premier roman, La Famille vertueuse, mais abandonne peu après ; cette ébauche sera recueillie dans La Femme infidèle, en 1786. janvier ou février : retour à Paris d’Agnès Lebègue, avec sa fille aînée ; elle a laissé Marion à Sacy. Le couple s’installe rue de la Harpe, « vis-à-vis le collège de Bayeux, à côté celui de Justice, au premier » (Monsieur Nicolas, t. II, p. 163).
1766 reprise de la rédaction de La Famille vertueuse ; elle est cette fois menée à bonne fin. Rétif entre en relation avec Nougaret.
176 7 mai : l’impression de La Famille vertueuse est achevée (« On imprima, sous ma double direction de prote et d’auteur, chez F.-A. Quillau, dans les six premiers mois de 1767 », Monsieur Nicolas, t. II, p. 167). Rétif abandonne son métier d’ouvrier typographe pour se consacrer à la littérature (« Je quittai ma place de prote avant de savoir quel succès aurait mon ouvrage : je suis effrayé aujourd’hui de mon assurance ! », ibidem). Mais il continuera tout de même à fréquenter régulièrement les ateliers d’imprimerie pour participer à l’impression de ses ouvrages (et diminuer ainsi les frais), ou même parfois pour des travaux lui procurant une rémunération d’appoint. Agnès Lebègue vend des étoffes dans la région parisienne pour le compte d’un certain Moulins. début juillet-fin septembre : Rétif séjourne à Sacy ; il y travaille à divers ouvrages. fin septembre : de retour à Paris, il loge rue Traînée-Saint-Eustache. 15 octobre : il emménage avec sa femme rue Quincampoix. 11 novembre : mise en vente de La Famille vertueuse.
1768 avril : Rétif quitte la rue Quincampoix pour habiter la Cour d’Albret, en haut de la rue des Carmes. novembre : publication de Lucile et du Pied de Fanchette.
1769 au début de l’année, Rétif s’installe au collège de Presle, au cinquième, dans un logement très modeste fourni par le libraire Edme Rapenot. janvier-février : publication de La Fille naturelle et des Lettres de lord Austin de N** à lord Humphrey de Dorset, roman que Rétif désigne plus souvent sous son faux-titre : La Confidence nécessaire. juillet : publication du Pornographe, ou la Prostitution réformée, premier volume de la série des « Idées singulières ». dernier trimestre : début de la rédaction du Paysan perverti.
1770 printemps : Agnès Lebègue va chercher Marion, restée à Sacy chez ses grands parents depuis sa naissance ; elle a 5 ans et demi. avril : mise en vente de La Mimographe, ou le Théâtre réformé. – Rétif est atteint d’une maladie vénérienne.
1771 publication du Marquis de T**, ou l’École de la jeunesse. 10 juin : Rétif part pour Sacy, où sa mère est mourante. 6 juillet : décès de sa mère, âgée de 68 ans ; il regagne immédiatement Paris.
1772 installation de toute la famille Rétif rue du Fouarre. début mai : publication de Adèle de Comm**, ou Lettres d’une fille à son père. dernier trimestre : poursuite de la rédaction du Paysan perverti.
1773 Rétif continue à travailler sur Le Paysan perverti. Agnès Lebègue part en province pour s’occuper de l’éducation de deux enfants ; elle emmène avec elle Marion. Agnès, la fille aînée, est placée chez une marchande de modes du quai de Gesvres, voisine de sa tante Bizet. février : publication de La Femme dans les trois états de fille, d’épouse et de mère. avril ou mai : Rétif accomplit son dernier voyage à Sacy, pour vendre à son frère Pierre le reste de son patrimoine. juin : publication du Ménage parisien, ou Déliée et Sotentout.
1774 Rétif fait la connaissance du docteur Guilbert de Préval, spécialiste du traitement des maladies vénériennes ; l’écrivain lui rendra souvent hommage dans son oeuvre, et le défendra contre les attaques de la Faculté de médecine. mai : publication des Nouveaux Mémoires d’un homme de qualité. décembre : achèvement de la rédaction du Paysan perverti.
1775 juin : publication du Fin matois, ou Histoire du Grand Tacagno (il s’agit de la traduction du célèbre ouvrage de Quevedo, L’Aventurier buscon, faite par d’Hermilly, à laquelle Rétif ajoute sept chapitres de son cru). 11 novembre : publication du Paysan perverti, dans une version adaptée aux exigences de la censure. Ce roman donne à Rétif une certaine notoriété.
1776 janvier ou février : Agnès Lebègue revient à Paris, où elle restera cinq mois ; elle loue un logement rue de Bièvre, chez une dame Debée, mère de Sara (la future passion de « l’homme de quarante-cinq ans »). mai : mise en vente de L’École des pères, après bien des difficultés avec la censure ; aux yeux de Rétif, le livre est « mutilé ». juin : Agnès Lebègue quitte Paris pour Joigny ; sa fille aînée est placée chez une marchande de modes de la rue Saint-Denis. juin ou juillet : Rétif quitte son logement de la rue du Fouarre et s’installe rue de Bièvre, dans la maison de la dame Debée, après le départ de sa femme. juillet : nouvelle maladie vénérienne. automne : publication de la 3e édition du Pornographe, enrichie de la note Q sur quelques célèbres tenancières de maisons de prostitution. novembre : publication des Gynographes, ou la Femme réformée.
1777 rédaction des premières nouvelles devant entrer dans le recueil des Contemporaines. avril : publication du Quadragénaire, ou l’Âge de renoncer aux passions.
1778Agnès Rétif quitte sa marchande de modes et revient vivre auprès de son père. juin : publication du Nouvel Abeilard. 31 juillet : décès de Pierre Rétif, le frère cadet resté paysan à La Bretonne, et modèle du personnage de Pierrot dans Le Paysan perverti. septembre : Agnès Lebègue revient de Joigny avec Marion, qu’elle place chez des dévotes de la rue Mouffetard (Marion y restera jusqu’en 1783). 11 novembre : mise en vente de La Vie de mon père (sous le millésime de 1779).
1779 Agnès Lebègue loge dans l’île Saint-Louis, où elle enseigne des « travaux de femme » à quelques élèves ; jusqu’au 25 mars, Rétif prend ses repas chez elle, contre paiement d’une pension. février : première visite de Rétif à Beaumarchais ; l’année précédente, Beaumarchais aurait proposé à Rétif une place de prote dans son imprimerie de Kehl, où se préparait l’édition des oeuvres de Voltaire. 25 mars : Rétif est atteint d’une « maladie de déperdition » (spermatorrhée). avril : reprise de la rédaction de nouvelles pour Les Contemporaines. août : publication de La Malédiction paternelle (sous le millésime de 1780). 5 novembre : première inscription sur la pierre de l’île Saint-Louis. novembre : Rétif souffre d’un mal de poitrine.
1780 printemps : poursuite de la rédaction de nouvelles pour Les Contemporaines. – Rétif souffre d’une rétention d’urine. août : Charles-Marie Augé demande la main d’Agnès Rétif. 30 septembre : Agnès Rétif quitte Paris pour aller recueillir la succession de sa mère ; elle restera absente jusqu’au 21 janvier 1781. automne : publication des huit premiers volumes des Contemporaines.
1781 début de l’impression de la 2e édition des Contemporaines (elle ne sera achevée qu’en 1792). publication des volumes IX à XVI des Contemporaines en 1ère édition. publication de La Découverte australe. 1er mai : mariage d’Agnès Rétif avec Charles-Marie Augé, « employé au bureau des impositions ». 14 juillet : Rétif quitte son logement de la rue de Bièvre pour aller habiter au 10 de la rue des Bernardins. 21 octobre : publication dans le Journal de Neuchâtel d’un article très élogieux pour l’auteur du Paysan perverti ; Rétif attribue à tort cet article à Mercier. fin novembre : publication de L’Andrographe, ou l’Homme réformé (sous le millésime de 1782).
1782 janvier : publication de la 3e édition du Paysan perverti ; elle est illustrée de 82 gravures et le texte originel, censuré en 1775, est rétabli dans son intégralité. février : suite de l’impression des Contemporaines. juillet : fin de la rédaction des dernières nouvelles des « Contemporaines du commun » ; de juillet à décembre, Rétif écrit les 40 premières nouvelles de la 3e série des Contemporaines, « Les Contemporaines par gradation ». septembre : Rétif fait la connaissance de Louis-Sébastien Mercier. 22 novembre : il rencontre pour la première fois Grimod de La Reynière. 10 décembre : « je vomis du sang la nuit » (Mes Inscripcions).
1783 27 janvier : mise en vente de La Dernière Aventure d’un homme de quarante-cinq ans, histoire de sa passion pour la jeune Sara, connue en 1780. mars : fin de l’impression des « Contemporaines du commun ». 31 mars : début de l’impression de l’édition globale Paysan-Paysanne pervertis, avant même que ne soit terminée celle de La Paysanne pervertie (en mai). 14 novembre : Rétif commence la rédaction de Monsieur Nicolas.
1784 « 1784 m’a vu tremblant » (Monsieur Nicolas, t. II, p. 362) : allusion aux vives inquiétudes que lui causent les menaces de la censure sur La Paysanne pervertie et sur Les Figures du Paysan perverti. publication des volumes XXXV à XXXVIII des Contemporaines. janvier (ou fin 1783) : première visite de Fontanes à Rétif. 15 mars : mise en vente de La Prévention nationale. 14 novembre : fin de la rédaction des Contemporaines.
1785 2 janvier : retour de Marion au domicile paternel. 31 janvier : Agnès Rétif fuit son mari et se réfugie chez un ami, Blérie de Sérivillé. 1er février : fin de l’impression du Paysan-Paysanne pervertis. Agnès est rendue à son mari par Rétif. février : nouvelle atteinte vénérienne (« j’ai manqué de mourir », Mes Inscripcions). 27 mars : deuxième fuite d’Agnès. mai : mise en vente des Veillées du Marais. 15 mai : achèvement de l’impression du XLIIe et dernier volume des Contemporaines. 21 juillet : Agnès quitte définitivement Augé ; elle est recueillie par le graveur Berthet, puis s’installe chez sa tante Bizet. 8 août : mise en vente de La Paysanne pervertie. 1er septembre : début de la transcription sur le papier des dates gravées dans la pierre des quais de l’île Saint-Louis ; ainsi naît le manuscrit de Mes Inscripcions. 4 novembre : fin de cette transcription ; Rétif décide de tenir un journal, « jusqu’à la fin de [sa] vie » (Mes Inscripcions). 26 novembre : Agnès Lebègue se sépare définitivement de son mari ; Agnès Rétif vient vivre auprès de son père « le lendemain du départ de [sa] mère » (Monsieur Nicolas, t. II, p. 363).
1786 21 février : Augé fait arrêter Agnès Rétif par la Garde et suscite une confrontation devant le lieutenant-civil. 9 mars : Rétif assiste au second souper de Grimod de La Reynière. mai : mise en vente de La Femme infidèle, roman-pamphlet contre l’épouse honnie ; « le contenu de cet ouvrage est original : il est composé non seulement des lettres conservées, mais encore de celles que j’ai pu rétablir de mémoire » (Monsieur Nicolas, t. II, p. 986). 25 mai : altercation entre Rétif et son gendre Augé au Jardin des Plantes. juin-octobre : Agnès Rétif séjourne à la campagne. 1er août : Rétif fait la connaissance de Sénac de Meilhan. novembre : mise en vente des Françaises. décembre : maladies (mal de poitrine, hernie).
1787 janvier : impression des volumes XXII et XXIV de la 2e édition des Contemporaines. 15 février : mise en vente du Paysan-Paysanne pervertis. mai : mise en vente des Parisiennes. 8 juin : Rétif rend visite pour la première fois à Fanny de Beauharnais ; c’est le début de relations régulières ; Rétif sera invité dans ce salon tous les vendredis ; il y rencontrera de nombreux hommes de lettres, dont Cazotte et Cubières-Palmézeaux. 31 juillet : décès de François Fournier (M. Parangon), âgé de 77 ans.
1788 janvier-février : nouvel accès du mal de poitrine janvier-mars : impression du volume XXV des Contemporaines en 2e édition. avril-août : impression du volume XXVI. mai : début d’une relation incestueuse entre Rétif et sa fille aînée, Agnès. septembre : impression du volume XXVII des Contemporaines en 2e édition. automne : arrivée à Paris d’Edme-Étienne Rétif, fils de Pierre Rétif (frère cadet de l’écrivain) et futur mari de Marion. Il vient apprendre le métier de l’imprimerie auprès de son oncle. 10 novembre : Rétif est obligé de déménager à la suite d’une querelle avec son propriétaire ; il emménage rue de la Bûcherie, au n° 11 ; ce sera son dernier domicile. fin novembre : mise en vente d’Ingénue Saxancour, ou la Femme séparée, récit inspiré par les malheurs conjugaux de sa fille Agnès. « C’est comme la suite de l’ouvrage précédent [La Femme infidèle]. Ma fille aînée y fait son histoire, depuis son enfance jusqu’à son mariage et sa séparation d’avec l’exécrable L’Échiné [Augé]. » (Monsieur Nicolas, t. II, p. 986). décembre : mise en vente des douze premières parties des Nuits de Paris.
1789 janvier : Rétif fait la connaissance d’Arthaud de Bellevue. 26 février : publication du Plus fort des pamphlets. avril : mise en vente des 13e et 14e parties des Nuits de Paris. 14 juillet : arrestation de Rétif sur dénonciation d’Augé. 29 octobre : nouvelle arrestation de Rétif sur dénonciation de son gendre ; il ne rentre chez lui que le lendemain matin.
1790 janvier : mise en vente du Thesmographe, ou les Lois réformées. Rétif acquiert une petite presse et l’installe dans son logement de la rue de la Bûcherie. 9 février : il commence à imprimer « à la maison ». 25 avril : mise en vente du Palais-royal. mai : Rétif imprime six pamphlets contre l’abbé Maury. 24 août : début de l’impression de Monsieur Nicolas. septembre : Rétif devient un client assidu du café Manoury, place de l’École ; il le restera jusqu’en 1795.
1791 acquisition d’une seconde presse, sans doute pour Edme-Étienne. 21 mai : mariage de Marion avec son cousin Edme-Étienne ; elle est déjà mère d’une fille, Marie-Antoinette-Valère, née en 1790 et sans doute enceinte de la deuxième, Charlotte-Étienne. Le Journal ne signale rien à la date du 21 mai, mais à la date du 16 juin, on lit cette exclamation : « Marion mariée ! ». Il est permis d’en conclure que Marion, alors âgée de près de 27 ans, s’est mariée en cachette de son père, et que celui-ci n’en a la révélation que deux mois plus tard. On peut mesurer par là la farouche opposition de Rétif au mariage de sa fille cadette. septembre : fin de l’impression du volume XXVIII des Contemporaines en 2e édition. octobre : impression du volume XXIX.
1792 2 janvier : Rétif signe avec son neveu Edme-Étienne et Meymac un contrat d’association pour la publication du Journal du Commerce de l’Europe et nouvelles des colonies réunies ; seuls les premiers numéros seront imprimés par Rétif et ses associés. 1er mai : fin de l’impression du volume XXX des Contemporaines en 2e édition ; c’est le dernier volume des « Contemporaines du commun » et le dernier également qui ait fait l’objet d’une seconde édition. 7 août : Rétif achève l’impression de son Théâtre. 12 octobre : il adresse à La Reynière une longue lettre de rupture et la publie dans le tome V du Drame de la vie, qu’il achève d’imprimer ce mois-là.
1793 publication du Théâtre en cinq volumes. 29 mars-5 avril : rédaction de la XVIe Partie des Nuits de Paris (dont l’impression s’achèvera début novembre). juillet : Agnès Rétif entame une procédure de divorce contre Augé. 9 juillet : « N’ose mettre en vente Le Drame de la vie » (Journal). 26 novembre : les scellés sont mis sur le logement de Rétif, à la suite de la procédure de divorce engagée par son épouse.
1794 janvier : Rétif commence un travail de révision sur le texte du Pied de Fanchette pour une nouvelle édition, qui paraîtra en 1796. 11 janvier : le divorce est prononcé entre Agnès Rétif et Augé. 5 février : le divorce est prononcé entre Agnès Lebègue et Rétif. 7 février : Agnès Rétif quitte le domicile paternel pour aller vivre avec Louis-Claude-Victor Vignon. Juillet : décès d’Edme-Étienne Rétif, à l’âge de 24 ans ; il laisse Marion avec trois filles. 17 août : naissance de Frédéric-Victor Vignon, fils d’Agnès Rétif et de Louis Vignon ; les parents ne se marieront qu’en 1798. Ce fils deviendra écrivain sous le nom de Vignon-Restif de la Bretonne (1794-1856).
1795 janvier : Rétif obtient 2.000 francs du fonds de secours créé par la Convention pour aider les gens de lettres dans le besoin. 16 avril : victime d’une grave crise urinaire, Rétif est hospitalisé jusqu’au 23 mai à l’École de Santé. automne : mise en vente de L’Année des dames nationales (ou Les Provinciales).
1796 Rétif n’est pas admis à l’Institut national, issu de la réorganisation des Académies de l’Ancien régime et en éprouve une vive amertume. 19 janvier-27 mai : rédaction de L’Enclos et les oiseaux. 1er octobre : lettre au directeur Carnot pour demander quelques secours. octobre : Rétif confie la vente des huit premiers volumes de Monsieur Nicolas à Bonneville. 14 octobre : il obtient cinq livres de pain par jour. octobre ou novembre : mise en vente de la Philosophie de Monsieur Nicolas, par Nicolas de Bonneville.
1797 « aujourd’hui [date non précisée], je laisse paraître Le Drame de la vie, imprimé depuis quatre ans » (Monsieur Nicolas, t. II, p. 999). 15 mars : début de la correspondance avec les époux Fontaine, de Grenoble. été : Marion Rétif, veuve avec ses trois filles, quitte la rue du Fouarre et s’installe chez son père, rue de la Bûcherie (la maison porte le numéro 27 depuis la nouvelle numérotation). Sans doute est-ce à ce moment-là que Rétif prend un second logement (une simple chambre ?) au n° 9 de la même rue. 21 septembre : fin de l’impression de Monsieur Nicolas. novembre (probablement) : mise en vente de Monsieur Nicolas.
1798 février : Rétif postule pour un emploi de professeur d’Histoire à l’École centrale de Moulins ; sa candidature sera retenue le 3 mai, trop tard pour qu’il l’accepte (voir ci-dessous au 28 avril). printemps : rédaction de L’Anti-Justine. 28 avril : Rétif obtient un emploi au ministère de la Police, « bureau de direction », avec le grade de sous-chef ; il a un traitement de 333 francs. « Voilà un petit commencement de bonheur », écrit-il aux époux Fontaine. mai (ou mois suivants) : rédaction des Revies (qui seront revues en 1802). fin août : il est transféré au Bureau des lettres interceptées, chargé de surveiller la correspondance des émigrés et des étrangers. 10 novembre : mariage d’Agnès Rétif et de Louis Vignon ; ils régularisent ainsi une liaison remontant à février 1793.
1800 nouvelle édition, augmentée, du Pied de Fanchette (la quatrième faite par l’auteur). début de la rédaction de nouvelles, « Les Converseuses ». 14 octobre : lettre à un correspondant anonyme, sollicitant une aide pour l’impression de L’Enclos et les oiseaux.
1801 fin de l’impression des Posthumes.
1802 rédaction de Paris dévoilé, recueil de nouvelles où devaient prendre place « les Converseuses », rédaction poursuivie en 1803. Manuscrit resté inédit. premier semestre : publication des Nouvelles Contemporaines. 13 juin : un arrêté de Fouché réorganise le ministère de la Police ; le poste de Rétif est supprimé. Payé jusqu’à la fin de messidor, soit jusqu’au 19 juillet, Rétif n’a plus ensuite d’autre ressources que la dotation en pain et viande de 1796 ; peut-être percevra-t—il du ministère une pension de 180 livres (ce que suggère une lettre de fin 1804 ou début 1805 : voir ci-dessous à 1804). 2 juillet : saisie au domicile de Rétif des Posthumes et de quelques feuilles imprimées de L’Enclos et les oiseaux. L’entremise de Mme de Beauharnais permet cependant la publication, quelques temps plus tard, des quatre volumes des Posthumes (« imprimés à la maison »), mais L’Enclos restera inédit. 25 décembre : Rétif écrit une lettre de remerciement, sans précision du motif,, au « Président de la Société des secours que l’Abondance accorde aux gens de lettres ».
1803 année de misère physique et matérielle (« le lit que je garde faute de bois aggrave mes infirmités »). Rétif ne publie plus rien, mais continue à entasser les manuscrits. 8 mars : lettre à Chaptal, ministre de l’Intérieur, pour demander une pension littéraire. 21 mai : lettre d’Agnès à Mme de Beauharnais, qui donne de son père une image pathétique d’homme profondément malheureux.
1804 février : Rétif obtient un secours de 50 francs. fin de l’année : lettre au Prince Louis, pour lui demander son intercession auprès de l’Empereur, afin qu’il « recouvre sa pension de retraite qui le faisait subsister ».
1805 Rétif semble n’avoir eu d’autres secours que ceux que lui fournit Mme de Beauharnais (« Il n’aurait pu échapper à la misère sans un ange descendu du ciel pour soulager ce qu’il y a de plus respectable sur la terre : le génie dans l’infortune ; et cet ange était Fanny de Beauharnais… Rétif de la Bretonne est mort presque de faim dans sa patrie, et c’est la bonne, la sensible Fanny de Beauharnais qui a payé… », écrit Cubières-Palmézeaux dans sa « Notice sur la vie de Rétif » précédant l’Histoire des compagnes de Maria.
1806 3 février : décès de Rétif, âgé de 72 ans, au terme d’une maladie qui, selon Cubières-Palmézeaux, ne lui permettait plus ni de marcher ni de tenir une plume. 5 février : inhumation dans le cimetière Sainte-Catherine (qui sera désaffecté en 1824 ; son emplacement correspond aux n° 58 à 66 du Bd Saint-Marcel).
1808 29 août : décès d’Agnès Lebègue, ex-épouse de l’écrivain, chez sa fille aînée, au 39 rue Saint-Germain-l’Auxerrois.
1811 Cubières-Palmézeaux publie, en puisant dans les manuscrits laissés par Rétif à sa mort, l’Histoire des compagnes de Maria, recueil de nouvelles.
1812 21 juin : décès d’Agnès Rétif, âgée de 51 ans, à l’hôpital Saint-Louis ; elle laisse deux fils : l’un, Jean-Nicolas Augé, est imprimeur ; l’autre, Frédéric-Victor Vignon, écrivain.
1836 décès de Marion, la fille cadette de l’écrivain, âgée de 72 ans.