Rétif de la Bretonne et les bibliophiles

                     Bibliophile : « Celui qui aime les livres. Il est bon d’être Bibliophile ; mais il ne faut pas être Bibliomane. » (Dictionnaire de l’Académie française, 5e édition 1798, première apparition du mot). Bibliomanie : « Passion d’avoir des livres » est apparu, lui, dans la 4e édition de 1762.

                     Bibliophilie : « Amour des livres qui se distingue de la bibliomanie par le goût et le discernement. Art et science du bibliophile. » (Christian Galantaris, Manuel de bibliophilie II. Dictionnaire, Paris, Éditions des Cendres, 1998).

Les œuvres de Rétif de la Bretonne ont toujours eu des lecteurs, plus ou moins nombreux, et ont toujours attiré la passion des bibliophiles et des collectionneurs. Et cela dès le XVIIIe siècle. De son vivant Rétif a réussi à publier ses ouvrages et à trouver des libraires-éditeurs prêts à les financer et les vendre ; même si, à partir des temps difficiles de la Révolution, il dut souvent se résoudre à imprimer lui-même « à la maison ». Et il y eut même des contrefaçons pour certains succès de librairie comme Le Paysan perverti.

Au XVIIIe et même au XIXe siècle, l’achat d’un roman – surtout s’il compte 4 volumes ou plus – est déjà un marqueur social témoignant d’un certain niveau de culture et de revenus. Lorsque l’œuvre est généreusement illustrée, donc plus chère, sa diffusion est encore plus restreinte – même s’il existe des cabinets de lecture, plus populaires. Que dire alors des 42 volumes des Contemporaines avec leurs 283 gravures ou des éditions illustrées du Paysan et de La Paysane pervertis(s) accompagnées de 120 gravures ! Et pourtant tous les sites de librairie en ligne proposent des volumes isolés, ou des séries plus ou moins complètes, de ces succès de librairie…

Jean Michel Andrault