L’intérêt pour les ouvrages de Rétif s’est étiolé au début du XIXe siècle, malgré une première tentative de biographie-bibliographie menée par Cubières au tome I de l’Histoire des Compagnes de Maria : Vie de Restif (Paris, Guillaume, 1811). Puis, au milieu du siècle, tous deux associés à une opération de librairie, deux grands amis des livres et des bibliophiles font paraître deux ouvrages associant une partie biographique à un répertoire bibliographique beaucoup plus détaillé, pour le second du moins : Charles Monselet, Rétif de la Bretonne. Sa vie et ses amours (Paris, Aubry, 1854) ; et surtout P. L. Jacob, bibliophile (Paul Lacroix) dont la Bibliographie et iconographie de tous les ouvrages de Restif de la Bretonne (Paris, Fontaine, 1875) reste encore aujourd’hui une source précieuse. Il faudra encore attendre le milieu du XXe siècle pour la parution de l’ouvrage de James Rives Childs, à ce jour le plus précis et complet pour la bibliographie de l’œuvre de Rétif : Restif de la Bretonne. Témoignages et Jugements. Bibliographie. (Paris, Briffaut, 1949)[1].

Ces quatre jalons posés par des passionnés de Rétif, plus ou moins bibliophiles, demandent néanmoins à être complétés tant l’œuvre de Rétif est complexe. Et aucune base bibliographique moderne n’existant, il faut recourir aux éditions scientifiques contemporaines (notamment celle en cours aux Éditions Champion) ou, bien sûr, à la revue Études rétiviennes pour compléter, actualiser, éventuellement rectifier les deux grandes sommes bibliographiques d’une ère pré-internet. Internet lui-même peut permettre l’accès aux originaux numérisés, mais là encore il convient d’être prudent : toutes les œuvres ne sont pas accessibles, et les textes eux-mêmes peuvent varier considérablement en fonction de la présence ou non de cartons de censure, des ajouts pratiqués par Rétif, etc. Bien avant que l’expression n’ait cours, Rétif était un praticien inconditionnel du work in progress !

Jean Michel Andrault    

[1] Les trois premiers titres sont disponibles à la lecture et au téléchargement sur gallica.bnf.fr pour Cubières et Monselet ; sur books.google.fr pour P. L. Jacob. Mais Rives Childs n’est accessible qu’en bibliothèque ou par l’achat chez un libraire d’ancien ou sur un site en ligne.

Vivant Denon, Michel de Cubières, 1782
Etienne Carjat, Portrait de Charles Monselet. Crédit : Paris Musée / Musée Carnavalet
Nadar (Atelier), Portrait de Paul Lacroix. Crédit : Paris Musées / Musée Carnavalet
James Rives Childs. Crédit : Harris & Ewing, Harry S. Truman Library & Museum

Comment actualiser les bibliographies aujourd'hui